Dimanche 15 décembre 2019. J168. Le grand jour tant attendu est arrivé. J’exagère, à peine. Les filles attendent cette visite plus que le Père Noël. Aujourd’hui, le centre WWF de Policoro va nous ouvrir ses portes et nous expliquer son travail de protection et de sauvegarde des animaux, et en particulier des tortues marines. Nous sommes plus qu’à l’heure tellement l’impatience est grande. J’en profite même pour mettre tout le monde au ménage en attendant 9h30, l’heure du rendez-vous. Faut jamais laisser passer une occasion de faire les services ensemble et dans la joie !
Centre WWF de Policoro
Au centre, nous retrouvons petites tortues et gros iguanes. Notre guide nous accueille. Le centre a une mission d’éducation à l’environnement, donc la visite est absolument gratuite, et rien que pour nous en dimanche de décembre. Ceci dit, avant de partir nous laisserons un don tellement leur travail nous a semblé important. Notre guide s’exprime en anglais, nous traduisons. Ces petites tortues terrestres sont gardées ici pour leur permettre de passer l’hiver au chaud et assurer leur survie. Il y en a une plus grosse, celle-là a la carapace brisée car une voiture lui a roulé dessus. Cet hiver, elle ne devra pas hiberner pour permettre à sa carapace de se réparer.
Les animaux exotiques pour la prévention
De l’autre côté, des iguanes. Ils ont été achetés en animalerie par des personnes qui n’ont pas su s’en occuper. L’un des deux iguanes avait une cage trop petite et sa lampe chauffante lui avait brûlé la peau de la queue. En arrivant au centre, le vétérinaire a du la lui couper. Trois ans plus tard, sa queue a bien repoussé et il est maintenant en bonne santé. Lui rendre la liberté ? Impossible, il n’est pas adapté à l’environnement local. Le renvoyer chez lui en Australie ? Impossible, il y amènerait des microbes européens. Il sera donc gardé toute sa vie dans ce grand vivarium et son histoire sera contée aux visiteurs pour faire passer le message : n’acheter pas des animaux sauvages, ils ne sont pas fait pour vivre chez vous, ni ici. Capucine repense à son lézard sarde, Zorro. Elle l’avait relâché sur un mur de pierres en se disant que Papa et Maman avaient certainement raison, il serait mieux là. Elle pense à lui et est fière de son geste.
Qu’est-ce qu’une tortue Carreta carreta ?
Cours d’anatomie des tortues. Le centre possède la reproduction en plastique d’une tortue coupée en deux pour y distinguer chaque organe. Nous y apprenons qu’elles n’ont pas de dent dans la gueule, mais des espèces de dents-épines dans l’œsophage. Ainsi, elles peuvent gober des moules et les digérer correctement. L’espèce la plus courante en méditerranée est la Carreta Carreta. À la saison des pontes et des éclosions, entre juin et septembre, les bénévoles du centre protègent les nids et aident les bébés à se diriger vers la mer. En effet, les petites tortues suivent instinctivement la lumière de la lune qui se reflète sur la mer pour trouver la bonne direction, l’eau. Mais la pollution lumineuse les désoriente. Les bénévoles guettent l’éclosion et réorientent les petites tortues à l’aide d’une lampe torche.
Soins des animaux et rétention des espèces nuisibles pour l’éco-système local
Notre guide nous amène maintenant à l’hôpital des animaux. Dans de grandes piscines, il nous montre deux tortues terrestres en train d’hiberner sous terre. Puis vingt ou trente tortues américaines plongées dans une grande piscine vide, seulement aménagées de cailloux. « Ça, ce sont nos aliens » nous dit-il. Ces tortues sont achetées en animaleries, et parfois relâchées dans la nature. Mais elles posent de gros problèmes. Elles viennent d’Amérique et sont faites pour vivre dans des environnements peuplés de pyranhas et de crocodiles. Autant dire que ce sont les reines de la jungle quand elles arrivent ici. Elles mangent tout. Et surtout, elles mangent ce que nos tortues terrestres mangent. Leurs rayures rouges et jaunes font peur aux prédateurs qui ne les inquiètent pas. Et au final, elles prennent progressivement le pas sur les tortues d’ici. Alors, dès qu’ils en trouvent, ils les recueillent pour les maintenir enfermées dans cette grande piscine. Au début, ils leur avaient mis des plantes, mais elles ont tout mangé. Ils ne les nourrissent pas, et elles continuent de vivre de ce qu’elles arrivent à attraper comme insectes. « Des aliens » répète notre guide.
Tortues en plastique
Dans un petit aquarium, il nous montre un bébé tortue terrestre, avec ses pattes griffues et palmées à la fois. Elle a la carapace molle. Il lui faudra attendre cinq ans pour qu’elle se durcisse complètement. Pendant ces cinq premières années, elle est donc très vulnérable. À côté, notre guide nous montre une fiole remplie de détritus plastiques. « Voilà ce que l’on a trouvé dans le ventre d’une tortue qui est morte chez nous. Nous soignons aussi souvent des tortues qui se sont piquées à des hameçons, nous explique-t-il en nous montrant deux spécimens plus gros que mes doigts. Mais ce qui tue le plus les tortues aujourd’hui, ce sont les fils de pêche. Elles sont incapable de les voir, elles s’emmêlent dedans ou les mange. Aujourd’hui, on estime à 80 000 le nombre de tortues qui meurent accidentellement chaque année en méditerranée. D’ailleurs, il va nous en montrer une dont ils sont en train de s’occuper. Il nous explique son cas avant de rentrer dans la petite salle qui sert d’hôpital car il faudra être très silencieux pour ne pas l’effrayer, ni sa voisine faucon. Cette petite tortue marine a perdu une patte avant, coupée par un fil de pêche, et en a avalé un autre. Sa pâte est cicatrisé, mais elle vomit le peu qu’elle arrive à manger. Elle n’a pas beaucoup de chance de s’en sortir, nous dit-il.
Les filles sont scotchée, bouche-bée. Le musée de Galway nous avait déjà parlé du sort des tortues marines. Mais de le voir en vrai, c’est autrement touchant. Après les tortues, notre guide nous explique le travail similaire qu’il fait avec les rapaces. Aujourd’hui, il doit transférer un groupe de faucons crécerelle d’une voilière intérieure à une volière extérieure. Sur les cinq, deux seront relâchés un jour et trois sont trop abîmés. Notre guide nous montre doucement leurs ailes saines, celles qui le sont abîmées, et aussi celles qui manquent. Victimes de la chasse. Les oiseaux sont soignés et gardés dans l’espoir d’arriver à les faire se reproduire. Dans la dernière partie du centre, il y a les oiseaux qui ne resteront pas longtemps ici. Ceux-là, nous ne pouvons pas les voir car ils doivent garder au maximum la peur de l’humain pour pouvoir être relâchés.
« Je suis contente qu’il y ait des gens qui s’occupent des tortues et des oiseaux » me dit Lison en guise de conclusion. Cette visite l’a rendue joyeuse.
Protection des tortues et des oiseaux
Comme au centre Policoro de Bosco Pantano, le centre Archelon à Athènes protège également les tortues. Le centre WWF de Policoro s’occupe également d’oiseaux, comme l’hôpital pour oiseaux d’Hortobagy en Hongrie.
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