Une furieuse envie de se reconfiner

Lundi 1er août 2022. Nous voilà à Timişoara. La grande ville roumaine du sud ouest. Notre itinéraire par le sud de l’Europe nous offre sa découverte. Nous y arrivons en fin de journée, la balade à pied est très agréable. Nous découvrons la place Unirii face à un bas soleil éblouissant. La “Petite Vienne” y étale ses façades baroques et sécession. Classiques pour les unes. Fleuries et ondoyantes pour les autres. Et tout autour de larges terrasses.

Nous sommes admiratifs de la beauté de cette place. Et nous en faisons plusieurs fois le tour. Pour observer les façades, mais aussi pour choisir notre terrasse. Un petit vieux joue quelques airs de violon sous la maison qui ressemble à un gâteau à la crème, nous retenons la terrasse d’à côté. Un menu des balkans, copieux.

Timişoara, première ville libre

Timişoara fut le point de départ de la révolution roumaine en décembre 1989, première ville du pays à s’insurger contre le régime de Ceauşescu. Le peuple s’était rassemblé devant le temple du pasteur Laszlo Tökés pour tenter d’éviter son arrestation (ou “déplacement”). Tournant à la répression, la manifestation s’est tout de même étendue dans les autres villes de Roumanie.

Pour dormir nous n’irons pas beaucoup plus loin. Juste quitter le centre ville pour le parking du zoo, aux abords d’une forêt. Toujours chercher la fraîcheur.

Mardi 2 août. Il ne nous reste plus que 5h de route pour rejoindre Firtușu au cœur de la Transylvanie. Nous devons de surcroît faire le plein d’eau et de nourriture pour être autonomes chez nos amis. Nous quittons la plaine de Timisoara pour s’attaquer aux Carpates, pas bien hautes à l’ouest du pays. Un premier arrêt en bord de route, où des particuliers vendent les surplus de la production de leur jardin.

Approvisionnement

Je fais le plein de fruits et légumes. Gaël nous expliquait que pendant la période communiste du pays, les roumains plantaient toutes sortes de légumes et d’arbres fruitiers chez eux pour tenter de palier au manque de nourriture. Les arbres sont toujours là, productifs, et les habitudes aussi.

Plus loin, c’est au Lidl que nous retrouvons nos habitudes de voyage. Les magasins sont les mêmes partout, le tour est vite fait. Les courses seront rangées plus tard car ça, c’est une autre paire de manches. Il fait très chaud, nous trouvons un spot à l’ombre pour la pause de midi. Presque le même qu’il y a deux ans, où nous comptions les déchets passer dans la rivière. Une rive de la Mureş, la rivière qui vient des montagnes Maramureș que nous explorerons bientôt. Mais pour l’instant l’exploration attendra, notre spot est ombragé mais tout autant jonché de déchets.

Nous résolvons le casse-tête du tetris des courses dans le placard et reprenons la route pour remplir les cales d’eau à la source, comme il se fait ici. Une fontaine au bord d’une affreuse route. Pierre et moi chargeons au sceau, la corvée est rapide, nous sommes équipés. Deux énormes camions nous rejoignent pour remplir leurs petites bouteilles en plastique. Les fontaines de Roumanie sont toujours très fréquentées.

Retour chez Bertha et Feri

Après quatre journées de route et toutes les cales pleines, nous avons maintenant une furieuse envie de nous reconfiner à Firtușu et de ne plus bouger. Voir nos amis, dormir, lire, faire du pain, des cueillettes et ne rien faire. Nous retrouvons la route que nous connaissons. Crișeni et son musée du chapeau de paille. Les souvenirs de l’apôtre de jésus nous reviennent à la mémoire. Son café est fermé car il est déjà tard, dommage, nous y aurions bien acheté un nouveau chapeau.Nous trouvons une roulotte qui vend des Kürtőskalács, ces brioches en boudin enroulées comme un tube, cuites à la broche et caramélisées. Doua please. Inlăceni, dernier village avant la piste. Les portails des maisons sont en  bois sculpté. Deux virages nous font prendre de la hauteur, la vue est magnifique avec le soleil rasant. Trois biches nous regardent passer. Un lièvre. Basile est aux avants postes sous le pare-brise, il sent que nous arrivons.

À Firtușu, le panneau en mauvais état est maintenant complètement effacé. Des familles Rom nous saluent. Des flaques de boue sur le chemin. Il a plu récemment. Le chemin d’accès à la ferme est trop boueux. Nous stationnons sur ce qu’ils appellent leur parking, un terrassement envahi par les fleurs.

Il ne nous reste plus qu’à gravir la montagne à pied pour être vraiment arrivés. Nous enfilons un pull, enfin il fait vraiment froid, chargeons nos petits cadeaux, et montons à travers champ. Ces gens n’ont pas de chemin d’accès pour aller chez eux, et c’est tant mieux. Le spot du camping car en 2020 est occupé aujourd’hui par deux chevaux. Nous passons la clôture électrique. Basile nous suit, de loin, un peu peur des chevaux et stoppé par la chatte de la ferme. Il fait profil bas et s’éloigne. Des chatons courent partout.

Feri, Bertha, Sila, Lenke et Chila sont là, les adultes joviaux, les enfants timides. Ils nous installent à leur table, Bertha a préparé des pizzas. Ils ont un nouveau four, à l’extérieur de la maison, c’est une première pour eux. Les pizzas sont délicieuses. Riz au lait de chèvre en dessert, agrémenté à notre guise de confiture. Les timides s’échappent pour jouer plus librement dehors. Envolée la timidité. Les adultes poursuivent leurs discussions.
Mise à jour de nos vies si différentes. Bertha et Feri poursuivent leur vie d’autonomie. Potager et fabrication de bijoux pour l’une, élevage et fabrication d’instruments pour l’autre.
Les filles font toujours l’école à la maison, avec spécialité équitation maintenant qu’elles ont deux chevaux. Elles s’en occupent seules, chaque jour.

Leur langue maternelle et quotidienne est le hongrois, mais avec nous tout le monde parle anglais, même les plus petites qui vont y baigner pendant les 5 jours que nous allons passer ici. Solène le savait, ses sœurs lui ont fait réviser son anglais pendant la route. L’immersion commence.

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Une réponse à “Une furieuse envie de se reconfiner”

  1. Avatar de creusoise
    creusoise

    bon se reconfiner … peut être pas ; la liberté est précieuse ! mais revoir les amis de confinement , oui !
    bonnes vacances !

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