Re-repartir en Roumanie

Quelle histoire ce pays ! En 2020, confinés 7 semaines chez de parfaits inconnus à côté de Bucarest. Puis deux semaines dans une ferme en Transylvanie. En 2021, refoulés à la frontière pour cause de vaccinations pas tout à fait aux normes du pays. En 2022… On retente notre chance, cette fois-ci rien ne devrait nous empêcher d’aller voir nos désormais amis de confinement et de découvrir ces coins du pays que nous n’avions pas pu visiter : Bucarest et les Maramureș.

Pour ce voyage, la stratégie a changé. Nous sommes d’abord attendus le 2 août à Firtușu, chez cette famille hongroise de Transylvanie. Nous choisissons la route du sud, Italie, Slovénie, Croatie, Serbie et Roumanie. L’itinéraire nous plaît, il est plus court en kilomètres mais réputé plus cher en péages. Nous traverserons le nord de la Croatie, partie rurale, peu touristique et constellée de Parcs naturels réputés. Puis la Serbie, pays parfaitement inconnu où j’ai repéré une ferme-auberge similaire à Mrizi et Zanave. Ce sera notre choix pour cette année. 25h de route. Ça paraît incroyable de se lancer dans une telle traversée, 4 grosses journées de route. Nous savons que les filles sont capables de le supporter. Elles l’ont vécu l’an dernier, sont conscientes de la difficulté, et surtout très motivées par l’objectif : retourner en Roumanie, revoir leurs copines de Firtușu, Snagov et Bucarest…

Jeudi 28 juillet 2022. Départ de Rodez en fin de journée. Pierre et moi ne sommes pas encore en vacances mais nous fermons la maison, une heure de route vers le Larzac, et nous télétravaillerons demain. Le vrai départ se fera plus facilement. Vendredi 29 juillet. Les filles occupent leur journée à leur guise. Jeux calmes dans leurs lits ou jeux libres dehors, leur jardin est un coin de causse. Nous pouvons travailler tranquillement. Le chat aussi fait sa vie. Il est évidemment du voyage comme l’an dernier. Il a juste un peu grandi, il ne rentre plus dans le vide-poche du camping-car et préfère voyager sur la cuisine en surveillant la route.
Aujourd’hui il explore les environs à sa guise. Nous l’avons équipé d’un collier GPS pour pouvoir le retrouver facilement au moment des départs. 17h30, les ordinateurs sont rangés, le chat est retrouvé, l’Emile-Pat redémarre et nous roulons presque 3h jusqu’à Aix-en-Provence. Quand on a 25h de route à faire pour atteindre notre destination, cette petite avance n’est pas négligeable.

Samedi 30 juillet. Saint-Martin de Crau. Escale dans l’arrière-pays de Cannes pour inviter ma Mamie à venir pique-niquer en Carapate. Nous trouvons un stationnement à l’ombre et autorisé, ce qui n’est pas facile dans ce coin de France, sortons la table de camping et nos cinq chaises. Pour accueillir notre hôte, Pierre se sacrifie pour déjeuner sur la chaise longue. Mamie est ravie par ce rendez-vous improvisé et improbable. Nous n’aurions pas pu aller chez elle, son chemin d’accès est trop escarpé pour le gros Émile-Pat. Un repas frais, une jolie tarte et de bonnes discussions. La pause a été longue, le chat s’est trouvé l’endroit le plus frais possible pour dormir, sous le figuier du golf verdoyant d’à côté. Un grillage escaladé pour aller le chercher, merci le traceur GPS. Et puis nous reprenons notre route éternelle. Nous nous donnons un objectif fou, dîner à côté de Venise, à la pizzeria de Chiara, une copine de Michel, ce papa sicilo-alsacien rencontré à Tropea avec sa famille en Italie avec sa famille alors que nous étions les uns comme les autres en voyage autour de l’Europe. Venise est alors à 6h de route, il est 14h30. Nous sommes fous. Mais nous roulons bien, avec Pierre, nous nous passons régulièrement le volant.

Les filles s’occupent, dorment, jouent. Le chat a chaud. Alors on le mouille, tout entier, et il passe des heures à se lécher sagement, ça le force à s’hydrater. C’est notre technique pour éviter la surchauffe du chat. Les routes italiennes filent et le paysage défile. À 19h30, nous pouvons confirmer notre arrivée tardive à la pizzeria. Nous appelons, nous sommes samedi, le restaurant nous accueillera même à 21h30. Joie et motivation supplémentaire. Nous passons à côté du lac de Garde, de Vérone, l’envie de découvrir est grande mais nous sommes attendus. Peut-être au retour. 40€ de péage pour traverser l’Italie d’ouest en est. Pas si cher.

Mira, al giardinetto, pizzeria al naturale

Les pizzas sont particulièrement délicieuses, ici les ingrédients sont sélectionnés avec soin. Céréales locales et complètes, pâte à pizza lentement levée, pulpe de tomates, fromages, vins,… Tout est local. Chiara fait des pizzas comme Michel. Comme on fait des bijoux. Et pour le même prix qu’ailleurs. Un point cœur à noter dans vos buckets list.

Heureusement le stationnement en face de la pizzeria est utilisable pour dormir. Fenêtres grandes ouvertes pour faire entrer la fraîcheur de la nuit. Il a fait très chaud aujourd’hui. Le chat se consacre à ses explorations nocturnes, rentre et sort par la petite fenêtre de Capucine. La vie de chat.

Dimanche 31 juillet. Mira, Italie. 3h de route et un plongeon dans un petit lac slovène. Le même où nous avions dormi, en hiver. Baba est mal à l’aise parmi les plagistes sur gazon. Mais nous ne pouvons pas le laisser au camping car garé au soleil. Il se trouve un coin de buisson frais et ne bougera plus. Il fait chaud, mais moins qu’en Italie. Les montagnes slovènes nous protègent.

Zagreb, Croatie

Encore un peu de route, nous arrivons à Zagreb, capitale de la Croatie. La Slovénie est un si petit pays, nous n’en avons fait qu’une bouchée. Zagreb s’offre à nous en cette fin de dimanche estival. Nous nous stationnons facilement dans un quartier d’ambassades aux hauts bâtiments classiques. Basile restera à la maison. Quelques pas, nous arrivons à la grande place Ban Jelačić, porte d’entrée des vieux quartier de la ville. L’architecture change, maisons plus humbles, plus basses, tuiles rouge en terre sèche, sol pavé. Un tunnel ? Pierre découvre l’entrée d’un tunnel où plusieurs personnes s’introduisent.

Tunnel de Grič

Cela semble être un passage public. En effet. Un long tunnel nous amène on ne sait où, à la manière d’un métro parisien sans métro, sans pub et sans signalétique. Un plan. Quatre sorties. Où sommes-nous ? Quelques clics, Wikipédia nous explique que nous sommes dans un ancien abri anti-aérien, construit au moment de la deuxième guerre mondiale et utilisé de nouveau pendant les bombardements de la guerre de 1991. Juste avant 1991, des raves-parties s’y tenaient. Contraste. Nettoyé et restauré, il est ouvert au public depuis 2016. À l’intérieur le son tourbillonne et chacun s’amuse à chanter, où à crier. Capharnaüm sonore.

Changement de quartier. Nous revenons au style autrichien mais les bâtiments sont plus bas, plus anciens. Quartiers de la résidence du président. Église Saint-Marc aux tuiles colorées. Porte de Pierre aux nones noires. Une icône de la vierge à l’enfant Jésus à autrefois survécu aux flammes d’un incendie, rendant l’endroit Saint pour les chrétiens. Les nones prient. Les passants aussi.

Place Ban Jelačić

Retour à Ban Jelačić. Une glace. Une Hagen Das. Gourmandise. Dégustée en regardant les passants.

Nous reprenons notre route vers l’est. Un peu d’autoroute puis nous bifurquons vers la montagne. Un peu d’altitude, beaucoup de forêt, beaucoup de fraîcheur. Baba court à toutes jambes, il se dégourdit les pattes et se roule par terre de bonheur.

Lundi 1er août. Garić grad, Croatie. La nuit fraîche nous a revigoré. Je lève ma troupe doucement. Je sais la route que nous avons à faire aujourd’hui. 4h pour rejoindre cette ferme-auberge en Serbie, recommandée par une autre famille voyageuse.

Garić grad

Une promenade pour voir le vieux château fort en ruines à côté duquel nous étions garés. Nous y retrouvons notre chat-telin en train de chasser des lézards. Il a apprécié l’endroit.

Passage en Serbie

L’autoroute file et les parcs naturels croates défilent. Papuk. Lonjsko polje. Kopacki Rit. Des points cœur sur mon infinie carte de l’Europe. C’est un pincement au cœur de passer à côté sans s’arrêter. Avant de passer en Serbie et de sortir de l’Europe, j’envoie quelques messages à l’auberge pour réserver et prévenir de notre arrivée tardive. Pas de réponse immédiate. J’appelle. Ça ne fonctionne pas. J’espère qu’ils auront au moins mes messages. Itinéraire enregistré. Téléphones déconnectés. Nous voilà à la douane. Nous sortons les 6 passeports. Le chat aussi a le sien. Mais celui-là nous ne le montrons pas, nous essayons de passer sans déclarer le chat, pour s’éviter les complications en cas de douanier zélé. Côté croate le passage est rapide. Nous retrouvons notre grand Danube, cette grande veine d’eau vitale aux pays qu’il traverse. Côté serbe, nous sortons nos cinq minois. Une jolie douanière demande à voir chaque passager et s’émeut devant nos petites voyageuses. C’est bon. Tampon sur le passeport. Barrière levée. Nous voilà en Serbie. Par les routes rurales. Les villages ressemblent de plus en plus aux villages roumains. Maisons alignées le long des routes et larges trottoirs enherbés. Sur les bas-côtés, des pepenes, pastèque en roumain. Comme chez leur voisin cette culture est très fréquente dans les plaines qui longent le Danube. Et puis nous traversons la Tisza, cet autre grand fleuve qui traverse la Hongrie et que nous avions découvert l’an passé.

Salaş

Nous aurons beaucoup roulé ce matin. Et il fait très chaud. Nous avons vraiment hâte d’arriver à cette auberge, de se reposer et de découvrir l’ambiance serbe. Pas de grande ville sur notre chemin, ce sera notre seul arrêt avant de repasser la frontière. Salaş 137 sur le panneau, nous sommes arrivés. Après une longue allée d’arbres, un autre petit panneau écrit en serbe, alphabet cyrillique. Le message est incompréhensible mais une date est inscrite. 9.8.22. Sont-ils fermés jusqu’au 9 août ? Je rentre pour demander. Oui, un homme qui semble être le patron me le confirme. Désespoir. J’explique que nous voyageons et que nous avons besoin de « take à break » et demande si les enfants peuvent jouer aux jeux d’enfants, heureusement l’homme nous dit « okey » ! Soulagement infini. La fermeture impromptue est déjà pardonnée. Derrière la terrasse ombragée, une pelouse verdoyante est en train d’être arrosée. Dans une cabane, une pompe semble capter l’eau directement dans la nappe phréatique. Et juste derrière il y a un mini parcours d’accrobranche bricolé maison. Après une longue matinée de route, l’endroit est carrément paradisiaque. Un pique nique improvisé. Nous nous revigorons dans ce havre de fraîcheur. Le chat est avec nous, il déambule prudemment car il a bien repéré quelques chiens dans une autre partie de la ferme.

Frontière serbo-roumaine, Srpska Crnja

Le break a été un peu long, nous reprenons encore la route pour deux petites heures qui nous amèneront déjà en Roumanie. Comme tous les après midi, on mouille le chat et on y va. Une petite heure de route, la frontière serbe, une jolie douanière, on montre nos minois, on passe facilement. Douane roumaine. Passeports. Le douanier veut voir nos minois mais aussi notre intérieur, au cas où l’on transporterait des migrants dans notre douche. C’est la troisième fois que nous nous pointons à la douane roumaine, les deux fois précédentes étaient compliquées en 2020 et 2021. Moment de stress. Nous n’avons pas annoncé le chat parmi les voyageurs. Il dort à poings fermés sur la banquette, épuisé par sa toilette intégrale. Nous faisons entrer le douanier, nous lui ouvrons tous les placards remplis de bouffe et de fringues. Il ne voit pas de migrant, pas d’arme, pas de cocaïne. Il ne voit pas le chat non plus. On dirait une vieille peluche traînant sur la banquette. La révédère. Good bye. Nous sommes en Roumanie !

Les passages de frontière vers la Roumanie

En 2020, au moment où tous les pays d’Europe passaient en état d’urgence Covid, nous passions de façon épique la frontière roumaine. En 2021, pour cause covid toujours, nous étions refusés, les règles ayant changé depuis notre départ de France.

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3 réponses à “Re-repartir en Roumanie”

  1. Avatar de Vip
    Vip

    Wouah, quelle surprise ce matin en découvrant un bip : mail carapate ! Nous sommes sur notre dernière semaine semaine de vadrouille depuis mi mars : italie Grèce Macédoine Serbie Hongrie Autriche Slovaquie Pologne pays baltes Finlande Suède Norvège Danemark et tout bientôt Allemagne avant retour à Belfort. Plus ou moins de temps ds chaque pays, mais plein de merveilleux souvenirs. Profitez bien de cette tant attendue Roumanie… sue je me réjouis à l’avance de partager en vous lisant. Bon vent à nos mentors de camping car !😉

    Maud, Thomas, Loïc et Cleo

    1. Avatar de Pierre
      Pierre

      Bonjour Maud,
      Super votre voyage ! Hâte de se revoir pour en reparler et en connaitre tous les détails.
      Bonne fin de voyage et bon retour.
      Pierre & Céline

  2. Avatar de creusoise
    creusoise

    coucou les aveyronnais ! contente de vous retrouver … un an plus tard ; je vais trouver les filles grandies … comme mes petites filles !
    c’est bien d’avoir équipé Basile d’un collier GPS : encore cette semaine sur FB deux posts de gens qui ont perdu leur chat …

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