Refoulés à la frontière roumaine

Vendredi 6 août 2021. Vámospércs, Hongrie. Les filles n’aurons presque pas le temps de jouer au parc ce matin, nous nous sommes levés tôt et sommes impatients de passer la frontière, de rouler les 3 heures qui nous attendent et d’arriver dans la mythique région des Maramures, à l’extrême nord-ouest de la Roumanie. Pierre renseigne le formulaire en ligne pour payer la vignette locale. “Je vais attendre de passer la frontière pour valider le paiement quand même, on ne sait jamais”.

Basile, le chat, est très nerveux ce matin, il joue en mordant tout le monde. On dirait qu’il sent qu’un tsunami arrive. Un petit tour dans le moteur pour décrocher la laisse qu’il y a coincé, nous pouvons y aller.

En chemin, je prends des nouvelles des conditions d’entrée en Roumanie sur l’application du ministère français des affaires étrangères, au cas où. Effectivement, elles ont changé depuis le 1er août à cause de la situation en France. Le passeport vaccinal de Pierre, une dose et une infection covid, n’est pas reconnu valable en Roumanie. De plus, les enfants de plus de six ans doivent présenter un test PCR. Aïe. Nous nous présentons, présentons nos papiers. Les douaniers ne disent rien pour le passeport sanitaire de Pierre. Ils demandent les documents médicaux pour les enfants, ces fameux tests négatifs que nous n’avons pas fait. “You have to quarantine, it’s the law” baragouine le douanier dans un mauvais anglais. L’expression nous fait sourire (référence aux sketchs “Sergent Pepper” de Kad et Olivier). Merci, mais non merci. Quarantaine en Roumanie, nous avons déjà donné. Nous faisons demi-tour.

Changement de plan express

Réunion de crise dans l’Emile-Pat. Dans quelles conditions est-ce possible de faire ces tests ? Encore une fois nous appelons nos amis à l’aide. Ils se renseignent auprès des organisations hongroises, moi j’appelle l’ambassade. Cette dernière est injoignable. Niki et Roland seront plus efficaces. Pour faire ces tests, il nous faut retourner à Debrecen, une heure de route en arrière, payer 3×60 euros, pour les deux enfants de plus de 6 ans et Pierre (car même si les douaniers n’ont rien dit pour son passeport vaccinal, “it’s the law”), et attendre 24h pour avoir le résultat. Le choix est devant nous. Soit nous tentons. Soit nous pouvons aussi changer de programme. Nous prenons un long moment à peser le pour et le contre, écouter les avis de chacun.

Papa a un avis tranché. Maman hésite fortement. Les filles expriment leur souhait. Décision est prise, nous renonçons. Il nous semble bon de ne pas forcer les choses et de prendre la vie comme elle vient.

Nous avons encore un peu plus de deux semaines de vacances, il est plus raisonnable de faire demi-tour et de poursuivre vers l’ouest, vers chez nous. Moins de kilomètres à parcourir (Bucarest est encore à 9h de route d’ici). Donc plus de temps pour profiter. Et puis la Hongrie nous plaît vraiment car l’ambiance y est légère sur le plan épidémique, la majorité de la population est vaccinée, on ne porte plus le masque, on s’y sent bien accueillis. Les touristes manquent et ceux qui sont là sont appréciés. De plus, ma carte de points d’intérêts fourmille de possibilités qui s’ouvrent à nous sur le chemin du retour. Le lac Balaton. Le nord de la Slovénie, trop enneigée à l’heure de notre Carapate, nous tend maintenant les bras à la meilleure saison. L’Autriche. La Suisse…

Une petite mort…

Le changement de cap n’est pas difficile pour les parents. Il l’est pour les enfants qui se faisaient une immense joie de revoir leurs amis de confinement. Béatrice, Laura et Gaël à Snagov. Chila, Lenka et Sila à Firtușu. Nous consolons de grosses larmes. Promesse est faite. Nous consacrerons de prochaines vacances d’été uniquement à la Roumanie. Peut-être même dès l’année prochaine. Nous appelons Gaël et Laura pour nous excuser de ce contre temps. Un mail à Firtușu. Bon, maintenant on fait quoi ?

… et repartir

Capucine a une bonne idée pour cette triste journée. Faisons nos courses scolaires. Nous avions prévu de les faire en Roumanie pour profiter des niveaux de prix bien plus bas qu’en France, nous les ferons à Debrecen. Pendant ce temps, Papa étudiera notre guide pour établir un nouveau programme. Et Niki et Roland nous donnerons leurs coups de cœur. Les filles aiment faire ce genre de courses, ce sera un très bon réconfort.

Du shopping pour consolation, à la friperie

Nous choisissons le grand Auchan de la ville. Quelques conversions rapides nous confortent. “Vas-y, prends en plusieurs pour le prix”. Et cette coquine de Niki aussi a de bonnes idées. Elle nous connaît bien et sait que nous aimons les habits de seconde main. Elle nous donne l’adresse de sa friperie préférée, un grand hangar où les fringues sont vendues au kilo. 6€/le kilo aujourd’hui, jour d’arrivage, puis le prix est dégressif de jour en jour jusqu’au jeudi suivant. “C’est quartier libre pour tout le monde, prenez ce que vous voulez !”.

Les habits viennent en général de l’ouest de l’Europe, ils sont tout ce que nous donnons dans les containers dédiés au recyclage des habits. Ils sont expédiés dans les pays de l’est pour être triés par une main d’œuvre moins chère et revendus dans ces boutiques très courantes et très courues ici. On y trouve de tout, et des habits en parfait état, des habits de bonne marque, surtout le vendredi, en ce jour d’arrivage.

Niki y habille sa famille à chacune de ses venues en Hongrie, c’est un “passage obligé” et toujours un bon moment avec sa fille. Il faut aimer fouiller ! L’ado est aux anges. Lison, moins passionnée, participe quand même. Solène, trop petite, n’y voit rien car les bacs sont au dessus de sa tête et l’activité l’agace. Elle préfère profiter de ses achats du matin au camping-car, une règle pour faire “de la géométrie”. Et Pierre aussi en profite pour étoffer sa maigre garde-robe. Niki passe nous saluer. À la fermeture, les employées nous mettent dehors. Heureusement, sinon on n’aurait jamais réussi à s’arrêter. 45€ pour 31 articles. 1,4 euro la fringue en moyenne sachant que dans le lot il y a une paire de basket, une veste en jean Okaïdi en parfait état, un beau sweat pour moi, des polos de marque pour Pierre, une paire de palmes, plein de petites pièces, shorts, tee-shirts, robes, chemises… Nous sommes équipés pour la rentrée.

Côte itinéraire, nous avons travaillé aussi. Nous n’irons finalement pas explorer le sud de la Hongrie, trop plat et chaud à notre goût, nous sommes plus attirés par le nord et ses relatives montagnes. Demain nous visiterons le vignoble ultra réputé de Tokaj (prononcez Tokay).

Nous trouvons un spot auprès d’un étang au nord de Debrecen, directement sur la pelouse. L’endroit est hyper agréable après cette journée de magasinage. Basile est ici le plus heureux des chats. Nous le laisserons sans laisse, naviguer à sa guise. En soirée, il se fera même un ami chat. Après quelques approches prudentes avec tous les signes de politesse nécessaires entre chats, signes d’intérêt, signes de respect, que nous observons attentivement depuis l’intérieur du camping-car, les deux chats se mettent à jouer ensemble. Toute la soirée. À 23h, Pierre aimerait bien pouvoir aller se coucher et rentre son chat à la maison. Le jeu est stoppé. Basile pleure à l’intérieur.

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Une réponse à “Refoulés à la frontière roumaine”

  1. Avatar de creusoise
    creusoise

    ah zut, alors pour la Roumanie ; revoir vos amis de confinement devra attendre !
    ici aussi nous achetons essentiellement des habits de seconde main, en brocante (cette année il y en a pas comme l’an passé) et sur vinted
    depuis leur naissance , mes petites filles (10 et bientôt 12) ont eu très peu de neuf . on y achète aussi d’autres choses ; le week-end pasé deux paires de rollers à 5 et 10 € quasi neufs (et à environ 60€ neufs!)
    Basile est rigolo ; il ne se sauve jamais bien loin ? c’est super !
    Pierre a retrouvé des lunettes :O))
    vous avez bien fait d’opter pour les “montagnes” ; dans le sud il doit faire chaud ! une vague de chaleur submerge la plupart des pays , y compris la france, depuis plusieurs jours !

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