Dimanche 3 août 2025. Gütenbach, Allemagne. Réveil brumeux. La journée s’annonce couverte mais il ne devrait pas beaucoup pleuvoir. Cette fois-ci, les filles sont bien prévenues de la distance à parcourir à pieds : 4 kilomètres aller, pareil au retour. Elles ont promis de ne pas râler. Nous nous habillons chaudement, capuche et casquette. Pique-nique et sacs à cueillette. Pierre prédit que les conditions sont idéales pour les champignons.

Cueillette de champignons en forêt noire

En chemin, nous croisons très vite de beaux massifs plein de framboises, puis de myrtille. « On cueillera au retour », sinon nous risquons de ne jamais atteindre notre but ou de rentrer avec de la compote.

Pour les champignons par contre, impossible de les laisser passer. Pierre marche comme à son habitude à côté du chemin, dans une zone moins piétinée. Il allume son radar à champignons (ses yeux !). Et facilement, il en trouve très vite. Pleins de champignons sans intérêt, pleins de bolets plus ou moins beaux, plus ou moins laids. Et des cèpes de Bordeaux ! Des gros, parfois vieux, parfois encore bons, et plusieurs petits bouchons, ceux que nous adorons.

Pierre essaie d’apprendre aux filles à les reconnaître et les chercher, Solène et Lison se passionnent pour l’exercice difficile. Capucine non, mais elle ne râle pas devant l’enthousiasme général. Nous remplissons un sac. Vidons le sac de sandwichs pour avoir un second sac à remplir. Les petits cèpes sont difficiles à repérer. Les girolles sont plus facile grâce à leur douce couleur orangée. Et comme elles poussent en famille, nous faisons également une jolie cueillette de girolles. Les filles apprennent à les ramasser délicatement, c’est tout un art. Il nous faut vider nos petits sacs en papiers pris pour les fruits et les légumes du pique-nique, pour pouvoir embarquer les girolles. Et même vider le paquet de biscuits Prince pour récupérer également son contenant. Capucine s’en charge. C’est simple, nous avons 4 sacs à dos remplis de pique-nique et de champignons.

La source la plus en amont du Danube, à Martinskapelle, Furtwangen

Heureusement, nous arrivons rapidement à la source du Breg, affluent du Danube, et donc sa source la plus en amont qui ait été attestée. L’endroit est aménagé avec restaurants, jeux d’enfants et boutique souvenirs. Sur la source, un étrange Dieu du Danube est sculpté, à moitié nu, habillé de cailloux. Son visage abrupt fait un peu peur. Nous sommes au cœur d’un petit impluvium, une prairie qui concentre tous les ruissellements à cet endroit. Aujourd’hui, la source déborde de toute part, et forme un tout petit ruisseau qui, rejoint par de multiples affluents, se rendra jusqu’à la mer noire. Les souvenirs reviennent. Nous avions un peu vu le delta du Danube en 2020, juste avant le confinement. Il s’explore principalement en bateau, il n’y a pas de route pour rejoindre la mer à cet endroit. Comme il n’y avait plus d’activité possible, nous avions juste pu atteindre le lac Razim, l’un de ses bras, ses roselières et ces centaines d’oiseaux migrateurs. Le Danube, nous l’avions aussi traversé en bac, à Braíla. Traversée sportive aux côtés de gros camions. Nous y avions également trouvé refuge à Borcea, après un contrôle de police. C’est encore lui que nous avions traversé lors de notre arrivée en Roumanie, lorsque les frontières étaient tout justes fermées, au début du confinement. Ce Danube, compagnon de voyage à Bucarest, Budapest et Vienne. 

La deuxième source du Danube

En Allemagne, la source du Danube a été revendiquée par plusieurs communes, et finalement fixée en 1981 par convention au confluent de deux cours d’eau, la Breg et la Brigach, à l’est de la petite ville allemande de Donaueschingen. Pas ici. De ces deux cours d’eau, la Breg est le plus long et prend naissance ici, près de Furtwangen im Schwarzwald, à 1 078 mètres d’altitude. Mais la source de la Breg n’est plus intitulée « source du Danube » sur les cartes officielles. C’est le Donaubach qui l’est. Un petit affluent de la Brigach qui prend naissance à côté du château de Donaueschingen par une exsurgence karstique et se jette dans la Brigach après un parcours en tunnel, à 1,5 km avant le confluent de cette dernière avec la Breg. Mais d’un point de vue hydrologique, selon Wikipédia, la source de la Breg peut être considérée comme celle du Danube : elle est plus haute que celle de la Brigach, la longueur du cours d’eau avant confluence est plus grande et son débit est plus élevé. Nous sommes au bon endroit. 

Le pique-nique vite avalé, nous rentrons sous quelques gouttes de pluie qui ne nous empêchent pas de remplir notre boîte à framboises spécialement prise pour cela. C’en est trop pour Capucine qui décide de rentrer sans s’arrêter, prenant Solène avec elle. Quand la boîte de framboises est pleine, rapidement, Lison et moi rentrons en trouvant quelques nouvelles girolles en chemin. Quand à Pierre, natif de la montagne noire en France, nous le perdons complètement dans cette forêt noire où il se sent comme chez lui. 

Au camping-car, un chocolat chaud nous attend et je commence la longue corvée de nettoyage de champignons. On a vu un petit nuage traverser la route, me raconte Capucine. Un peu de route jusqu’à notre visite de demain, une tour géante, avec un toboggan géant, toujours dans la forêt. Nous nous stationnons un peu avant, toujours un parking de départ de randonnée, toujours au milieu de la forêt. Il y a tellement de choses à faire autour, une autre petite tour, une tourbière, du vélo… Tellement de choses à faire qu’il nous faut faire un conseil de famille pendant le repas pour décider du programme de demain. Ce sera donc tourbière tous ensemble, trois partiront à la tour à vélo, et deux les rejoindront en camping-car. 

Soirée mise en pots de champignons

Au menu ce soir, champignons évidemment. Capucine avait prévu il y a deux jours de nous cuisiner du filet de poulet aux champignons de Paris en boîte. Interdit d’ouvrir des champignons en boîte quand nous avons des champignons frais à cuisiner ! Sa recette est de nouveau reportée, elle refuse de remplacer ses champignons en boîte par nos jolis cèpes, elle n’aime pas ça. Tant pis, je cuisine donc une première poêlée de cèpes avec des pâtes, en même temps qu’une petite casserole de cèpes. Puis une poilée de girolles. Et Pierre finira avec une dernière poilée de bolets bais. Tout est mis en bocal. Nous avons du stock pour plusieurs jours.