Mercredi 19 août 2020. Kirchheim unter Teck, Allemagne. La boucle est bouclée avec Légoland, hier ? Oui. Mais pas que. Nous avons encore quelques boucles à faire.
Notre chemin nous fait rentrer en France par l’Alsace, là où habitent les 5àbord, cette famille en tour d’Europe en camping-car rencontrée en Calabre et avec qui nous avons partagé plusieurs spots en Grèce.
Cette famille rentrée en France une semaine à mi-mars, juste avant la fermeture des frontières. Leur maison roulante est restée bloquée à Sofia en Bulgarie. Eux ont été confinés deux mois chez leurs parents. La galère pour faire rapatrier leur maison, considérée comme un transport non-urgent. Ils avaient juste toute leur vie dedans.
Obernai, Alsace, France
Maintenant, le voyage est fini pour eux. Ils sont en train d’acheter une vieille maison à restaurer et vivent à temps plein dans leur camping-car. Sur le parking du village pour l’instant, devant leur nouvelle maison dès qu’ils le pourront. C’est en quelque sorte encore des nomades que nous retrouvons sur l’aire de camping-cars d’Obernai, ce très beau village alsacien. Laurence l’alsacienne est toute sourire. Michel le sicilien nous enlace et nous serre avec émotion.
Compagnons de galère en quelques sortes. Quand nous nous étions quittés fin février à Thessalonique en Grèce, avec les @5abord et les Vertvanlife, partageant nos projets d’itinéraires, nous nous étions donné rendez-vous à Helsinki, en Finlande. C’est à Obernai que nous nous retrouvons, le monde en a décidé autrement.
O’101 pizzeria
Une pizza pour fêter nos retrouvailles. Michel et Laurence tiennent un restaurant qu’ils ont soigneusement fait achalander pendant leur voyage de toutes les merveilles culinaires qu’ils ont dégotés. Olives de Kalamata en Grèce. Anchois de Cantabrie en Espagne. Jambon de Parme qui vient de Parme. Spianata piccante de Calabre. Mortadelle de Bologne. Vins naturels de Sicile. Quels goûts. Quel délice. Ce ne sont pas des pizzas que l’on mange, ce sont des récits de voyages.
Un tour dans leur joli ville. Une bonne glace. Une excellente fromagerie. Une petite librairie. Michel a bien cerné ce qu’il nous fallait pour nous faire plaisir. Heureuses retrouvailles.
Mont Saint-Odile
Il fait chaud ? Et si on allait se spoter plus haut, sur les flancs du Mont Saint Odile pour ce soir ? Le Mont Saint Odile est là ? Émotion. Sans le savoir nous sommes revenus sur les lieux de notre voyage de noces. Le Saint Odile et son tilleul creux, où nous nous étions pris en photo douze ans auparavant dans un brouillard à couper au couteau. Quelle était la probabilité qu’en Calabre nous rencontrions une famille qui nous amènerait à finir notre Carapate là où notre mariage avait commencé ? Il y a des hasards, parfois, qui semblent ne pas en être. « Ho, dis Michel, tu nous amène là haut demain ? Si tu veux, nous on adore cet endroit. »
Cet après-midi, deux autres voyageurs ont rejoint notre équipe. Wil et Mel. Presque deux ans de voyage au compteur à bord de leur vieux camping-car Hymer mobile, une belle bête bientôt véhicule de collection. Les 5abord les avaient rencontrés en Croatie en janvier dernier et avaient partagé une semaine de voyage ensemble. Un jeune couple absolument pas dérangés par le rythme très particulier d’une famille nombreuse. Le confinement ? Ils l’ont passé tranquillement dans une ferme au Monténégro où ils ont été hébergé contre un peu de travail. Wil et Mel seront pour nous une belle rencontre. Une belle trouvaille.
C’est donc tous les douze que nous partons nous installer à l’orée d’une forêt, sur un parking de départ de randonnée d’où Sainte Odile veille sur nous. Formation en U. Tables de sortie. Fromages étalés. Nous sommes prêts pour une bonne soirée. Récits de voyageurs. Finalement, il n’est pas encore tout à fait fini ce voyage.
Jeudi 20 août. Massif Sainte-Odile, France. Pain chaud partagé. Petit déjeuner dehors. Nous profitons de la fraîcheur de ce début de journée d’été. Pour aujourd’hui, Michel nous propose de faire une randonnée qu’il aime particulièrement, le tour du mur païen autour du mont Sainte Odile. Une heure et demie de marche sans trop de dénivelé. Facile. Wil aime marcher pieds-nus quand le sol le permet. Ici, le tapis d’aiguilles de la forêt de pins le permet. Évidemment, les filles le suivent toutes. Randonner pieds-nus, pourquoi ne l’avons-nous pas fait plus tôt ? Quelques beaux points de vue. La cathédrale de Strasbourg au loin. Une grotte magique tout près. Une séance dessin.
En fin de journée, nous montons vraiment faire un petit tour au sanctuaire. Ici, nous comprenons les gens parler entre eux. Nous n’avions vraiment plus l’habitude d’entendre du français. Nous avons l’impression de nous introduire malgré nous dans des conversations privées, c’est dérangeant. Notre bulle linguistique n’existe plus.
Au bout du sanctuaire, nous retrouvons notre arbre creux. Il y a douze ans, nous n’avions rien vu du paysage époustouflant. Il y a douze ans, nous nous étions serrés tous les deux au creux de cet arbre pour une photo dans la brume. Nous voilà maintenant sous le soleil, à nous y serrer tous les cinq. Une autre boucle est bouclée.
Un autre spot pour ce soir. Celui où Laurence et Michel avaient fait leur toute première nuit en camping-car. Une autre boucle bouclée. Formation en U. Tables de sortie. Restes de fromages étalés. Ce soir, nous parlerons moins de voyages que de futur. Wil et Mel, pourtant diplômés d’un bac +5 de chimie, ne veulent plus faire carrière. Leur projet de vie, vivre en autonomie. Comme Bertha et Ferri en Transylvanie. Cultiver et élever ce qu’il leur faut seulement pour se nourrir. Produire leur énergie. Se construire une vie qui consomme peu et pollue peu. Une vie responsable. Travailler ? Oui, un peu quand c’est nécessaire. Mais les bons postes aux beaux salaires dans de grosses multinationales, ils ont connu et n’en veulent plus. Leur monde d’après, ils le veulent au calme et dans la nature.
Vendredi 21 août. Grendelbruch, France. Jour de départ pour nous. Une dernière photo tous ensemble. Un au revoir difficile. Nous avons deux heures de route pour rejoindre Belfort où nous attend une nouvelle trouvaille.
Belfort
Maud lit notre blog assidûment depuis janvier et en nous voyant nous rapprocher de chez elle, elle nous a invité. Coup de bol, notre route passe précisément par Belfort. Avec son mari Thomas et ses deux enfants Loïc et Cléo, elle prépare un demi tour d’Europe de six mois. Départ prévu mars 2020. En caravane, ou peut-être en camping-car, ce n’est pas arrêté. Maud et Thomas ont mille questions. Et nous sommes heureux, non pas de leur donner des conseils, mais de témoigner de notre expérience. Comme nous avions adoré écouter les expériences des familles que nous avions rencontrées avant notre voyage. Les Rondepierre et les Leloup nous avaient tellement inspirés. Nous sommes passé du côté de ceux qui l’ont fait. Une autre boucle est bouclée.
Maud et Thomas nous ont très agréablement accueilli dans leur maison fraîche autour d’un pot de cancoillote et d’une saucisse de Morteau. Nous avons discuté ensemble jusque tard dans l’après-midi, le temps de laisser la chaleur passer un peu. C’est dingue le nombre de points communs que nous avons, l’aquarelle, la cueillette de plantes sauvages, le scoutisme,…
Eux nous connaissent. Nous les découvrons avec étonnement. Encore une belle trouvaille. Une belle trouvaille pour les enfants aussi, au début un peu timides, Loïc initie Capucine et Lison aux vieux légos-technics, ceux que l’on peut assembler pour créer toutes sortes de machines électroniques. Des ventilateurs, en l’occurrence.
Après deux heures de route difficiles -hé non, nous n’avons pas la clim- nous faisons étape à Beaune, près d’un parc. Ha que nous aimerions visiter cette ville puisque nous y sommes, mais ce soir il est tard. Peut-être demain. Demain, il faut que nous fassions presque cinq heures de route avant de nouvelles retrouvailles sur ce qui sera le dernier spot de notre grande Carapate.
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