Chasse aux trésors à Londres

Lundi 23 septembre 2019. J84. Angleterre. Pfff, comment faire le choix parmi tout ce que nous avons envie de voir à Londres ?!… Nous avons étudié nos guides et nos cœurs roses, et  avons une foultitude de points dans notre to-do-list. Allez, commençons par les classiques et incontournables : British Museum, National Gallery et… Hamley’s, l’immense magasin de jouets. Dans l’équipage, nous n’avons pas tous les mêmes priorités. Mais nous savons que ces musées sont immenses et qu’une journée ne suffit pas pour les parcourir. La stratégie retenue : n’aller voir que les pièces ou œuvres qui ont un intérêt premier à nos yeux. Nous faisons notre liste, il n’y a plus qu’à les trouver. La journée “Chasse aux trésors dans Londres” peut commencer !

Ce matin nous déjeunons avec “les cousins de Londres” chez qui nous sommes installés pour ces quelques jours. La maisonnée sent bon les œufs aux plats. Nous débarquons avec notre panier de petit-déjeuner et nous installons à table avec Théodore en pyjama petit dragon et Léonard à la coiffure de bonhomme légo. Elisa est déjà partie au collège et Lison est triste de ne pas l’avoir vue en uniforme. Nos amis habitent en banlieue, à proximité d’un train qui amène pile-poil au cœur de la capitale. Nous prenons un billet illimité pour tous les transports en commun et nous voilà libres de naviguer à notre guise. Premier must-do : prendre un bus à impériale. Bon, aujourd’hui ce sont des bus modernes qui n’ont plus le charme des anciens mais qui ont gardé leur génial deuxième étage. Première joie de la matinée !

British Museum

Premier trésor à trouver, la pierre de Rosette, la vraie !

La pierre est importante à nos yeux car elle est liée à l’histoire incroyable d’un occitan né à Figeac, Jean-François Champollion. Égyptologue, c’est lui qui a déchiffré pour la première fois les hiéroglyphes grâce à cette pierre où est inscrit un décret en trois versions : égyptien ancien en écriture hiéroglyphes et en écriture démotique, et grec ancien. Nous avions déjà visité son musée à Figeac, là nous avons la pierre sous les yeux ! Les gravures sont vraiment fines. Cette pierre qui a changé notre connaissance de l’histoire des pharaons était à l’origine une simple stèle exposée dans un temple, par la suite utilisée comme matériau de construction pour des fortifications dans la ville de Rosette, dans le delta du Nil. Nous poursuivons notre découverte des trésors égyptiens du musée britannique par l’incroyable salle des momies. Avec Capucine qui prend spontanément le rôle de guide. Elle a du lire quinze fois son encyclopédie des mythologies du monde et est sacrément calée sur les rites funéraires égyptiens. Beaucoup de momies sont exposées dans leurs bandelettes mais une est déshabillée. De l’autre côté de la vitre, à quelques centimètres de nous, une femme morte il y a 3000 ans repose sous la lumière des projecteurs. Surréaliste. Sa peau est brune et sèche, ses cheveux sont courts et ses ongles sont longs. Au coin de son œil, on croit voir comme une larme. Un frisson.

Deuxième trésor à trouver, la frise du Parthénon

Comme l’Acropole d’Athènes est au programme de la Carapate, il nous faut aller voir sa frise qui est exposée ici. La frise entourait le sékos (partie fermée) du temple du Parthénon. Elle a été réalisée par plusieurs artistes sous la direction de Phidias entre 442 et 438 av. J.-C. Elle représente 378 femmes, hommes, dieux et déesses et 245 animaux. L’interprétation la plus répandue est qu’elle représente la procession du péplos lors des grandes Panathénées. C’est une nouveauté dans la sculpture grecque : un thème non-mythologique sur un bâtiment à vocation religieuse. La procession part du côté ouest où sont représentés les préparatifs. Elle se déroule ensuite en parallèle sur les murs sud et nord qui représentent la même chose : d’abord des cavaliers, puis des chars sur près de la moitié, ensuite des personnages masculins à pied. Le côté nord, potentiellement le plus vu, a fait l’objet d’une attention particulière de la part des sculpteurs. La procession arrive du côté est où elle est accueillie par les dieux. Là, apparaissent pour la première fois des figures féminines. La scène de remise du péplos se trouve au centre de la frise.

Dès son achèvement, la frise eut un important impact dans l’art antique. À partir de son arrivée à Londres au début du XIXe siècle, son influence se fit à nouveau sentir dans l’architecture et l’art en Occident. Les artistes copièrent et utilisèrent plus ou moins directement la frise, ou ses moulages dans leurs œuvres. Un peu moins de la moitié de la frise se trouve au British Museum ; un tiers est encore en Grèce et le reste est conservé dans divers musées, notamment au Louvre et au Vatican.

Restitution de la frise à la Grèce ?

L’État grec réclame depuis près de deux siècles au Royaume-Uni la restitution de la partie de la frise conservée au British Museum, ainsi que d’autres éléments du décor sculpté du Parthénon. Coïncidences amusante, Boris Johnson vient de déclarer qu’il était favorable au retour de la frise en Grèce.

Troisième trésor, le jeu d’échec viking de Lewis

Lors de notre séjour sur l’île écossaise de Lewis et Harris, nous avions découvert l’histoire de ce petit trésor soigneusement caché dans une petite chambre de pierres sèches, sous le sable, tout au bout de la plage de Uig. Cette magnifique plage où nous avions passé une fraîche et merveilleuse journée d’été avec nos amis. Les pièces ont été trouvées en 1831. Presque toutes les pièces de la collection (93 au total) sont gravées dans de l’ivoire de morse, et quelques-unes sont faites à partir de dents de baleine. Les historiens estiment qu’elles datent du XIIème siècle et viennent probablement d’un pays nordique, peut-être la Norvège. À les voir en vrai, on se rend compte qu’elles sont finement sculptées et dessinées avec un joli brin d’humour. À Lewis, sur notre plage, se trouvait peut-être un autre trésor soigneusement caché ?

Toutes ces trouvailles ont donné faim à notre équipe d’exploratrices. Un snack rapidement avalé dans le hall du musée et nous reprenons notre chasse aux trésors. À la National Gallery, nous avons à trouver Vénus et Mars, des tournesols et une anamorphose de crâne !

Quatrièmement trésor, l’anamorphose des Ambassadeurs

Une œuvre de Hans Holbein le jeune, un peintre allemand du XVIème siècle, célèbre pour contenir, au premier plan, une  spectaculaire anamorphose : une forme évoquant un os de seiche se révèle être, depuis un point de vue oblique, un crâne humain. L’œuvre est décrite dans notre encyclopédie de l’art, elle nous avait déjà bien amusés et nous avons envie de jouer avec en vrai. Mais le musée est un véritable labyrinthe. Pas de plan. Juste un classement par époque. Alors nous parcourons les salles et finissons par le trouver, derrière une muraille de visiteurs qui le scrutent. Les filles se précipitent aux côtés du tableau, gesticulent  comme il faut et arrivent à distinguer le crâne. Le tableau est très intéressant, sa composition est complexe. Au centre, entre les deux hommes une table où sont exposés de nombreux objets dont la signification de chacun est précisément décrite dans Wikipedia, mon guide touristique en toutes circonstances. Nous identifions et observons ensemble les différents objets : livres, instruments scientifiques, astronomiques, sphère céleste, horloge solaire, équerre, compas, luth, flûtes. Les deux hommes affichent ostensiblement leur érudition.

Cinquième trésor, Vénus et Mars de Botticelli

L’œuvre du maître italien est à la hauteur de sa réputation. Vénus, déesse de l’amour, est d’une douceur sublime. Mars, dieu de la guerre, allonge son corps d’Apollon. Alors que nous sommes assis devant à l’observer, une dame apparaît soudainement, s’installe face aux visiteurs et entame une présentation de l’œuvre. Très bien ! Je traduis ses propos en chuchotant à l’oreille de Lison. Dérangée, elle s’interrompt puis comprend pourquoi je parle en même temps qu’elle. Elle se met alors à rigoler d’un air malicieux. Pourquoi ? Je ne le comprend pas de suite. Je continue à traduire. Elle explique alors aux adultes “Voyez l’air accompli de Mars, endormi, la tête en arrière, complètement dévêtu. A votre avis, que vient il de se passer entre Vénus et Mars ?” lance-t-elle amusée à un public un rien puritain. “Oui, c’est ça, Vénus et Mars viennent de faire l’amour…

Et  vous n’êtes pas sans savoir que Vénus est mariée à Vulcain ?!” J’arrête de traduire. “Maman, pourquoi les gens rigolent ? Heu… Je ne sais pas, je ne comprends pas tout ma chérie”. Heureusement, elle me croit. Notre oratrice conclut “Certainement que le peintre a souhaité magnifier le pouvoir de l’amour, battant la force du guerrier”.

Sixième trésor, les tournesols de Van Gogh

Van Gogh en a peint 7 au total. 5 sont exposés dans des musées. Et nous, nous les collectionnons ! Nous avons vu les tournesols de Munich, ceux du musée Kroller-Muller et ceux d’Amsterdam. À Londres, tournesols, murs, vase et table sont jaunes. Immédiatement, Lison s’installe par terre et les dessine. Capucine choisi la chaise exposée à côté, et moi les cyprès. Nous adorons Van Gogh. Ses couleurs sont toujours un régal pour les yeux, une source de joie. Autour de nous, un groupe de japonnais nous envahit mais nous sommes coriaces, il nous en faut plus pour nous déloger. Le monde passe, prend sa photo, son selfie et s’en va. Regardent-ils vraiment ? Nous, nous restons là un moment et nous prenons des couleurs pleins les yeux. Solène, elle, est fascinée par le pointillisme. Des Seurat sont exposés juste à côté. Je la porte pour qu’elle soit à la bonne hauteur. Elle me demande de s’approcher, de s’éloigner, de revenir. Les jeu des points qui disparaissent avec la distance la fascine. Elle-même, dans ses dessins, utilise souvent des points et en remplit des feuilles entières. À côté, des Monet, Degas et Gauguin finiront de nous ravir. Au détour d’une salle, nous faisons connaissance avec des classiques de la peinture British. Constable qui peint les campagnes avec un réalisme incroyable. Et Turner qui faisait de l’impressionnisme avant les impressionnistes.

La vidéo du jour

Il est 17h, nous avons trouvé tous les trésors recherchés et même plus. Les filles se sont bien prises au jeu. Capucine a fait son habituelle vidéo, mais cette fois en faisant plusieurs plans. Le challenge c’est maintenant de trouver une application pour les assembler. Quelques jours plus tard je lui en télécharge une. Et je la laisse faire, sans lui expliquer. L’application est intuitive, Capucine se met à faire du montage vidéo toute seule. Les enfants sont incroyables quand ils sont motivés.

Hamley’s, un dernier musée

La chasse aux trésors est terminée mais les filles ne perdent pas le nord. Je leur avais parlé du plus grand magasin de jouets, elles ne l’ont pas oublié et d’un seul coup, plus personne n’est fatigué ! Nous sautons dans un bus rouge. Brief parental : on va voir le magasin pour le fun, juste voir, pas question de participer à la perte de la planète et de l’humanité en achetant “des jouets en plastique fabriqués en Chine par des enfants, hein ?” Oui, oui Maman ! Hamley’s, cinq étages de temple de la consommation… Nous et nos principes, ça ne nous emballe pas du tout. Dès l’entrée, trois salariés en costumes de clown et de pirates dansent pour amuser le chaland. Qu’ils sont ridicules… je pense. Les filles sont scotchées. Solène rigole. J’adore quand elle se marre, ses éclats de rires sont si mignons. Et puis ces trois danseurs ont l’air de vraiment s’amuser, à se dandiner avec leurs costumes pour faire rire les enfants. C’est cool comme job quand même ! Juste derrière, un jeune homme fait un véritable sketch pour nous vendre sa “pâte à ballon”, une espèce de pâte en plastique contenue dans un tube de peinture qu’il gonfle à la bouche. Je me souviens jouer avec ça enfant. Sa présentation est réellement hilarante. Il fait le clown et fait participer les enfants. Nous rions avec plaisir. Mais nous n’achetons pas, nous avons dit que nous n’achèterions pas ! Allez, entamons la visite parce que si on passe un quart d’heure devant chaque tête de gondole, on en a pour la nuit ! Et pour ne pas nous aider, le magasin ferme à 20h…

Ascenseur, cinquième étage, les Legos. Un bac énorme est à Legos à disposition. Attention piège ! Encore un risque d’y passer le nuit ! Cette fois, c’est Pierre qui craque et qui s’installe pour construire un crapeau-monstre-bleu. Ses trois moustiques le suivent évidemment. On est foutus. Pas question de les faire décoller avant d’avoir fini pour les unes leur prénom en Legos, pour l’autre un “escalier pour escalader et là y’a un zeu d’enfant, attend zé pas fini !”… Courage, plus que 4 étages. Pour nous faire sortir de cette mauvaise passe, Pierre met en place un sortilège méchant et très efficace : sauter un ou deux étage grâce à l’ascenseur. Les filles n’y voient que du feu, gnarc, gnarc, gnarc,… Partout des animations et des stands de test attirent leur attention. Partout elle peuvent jouer et elles s’en donnent à cœur joie. Les magasin est vicieux et très bien fait. Devant le rayon des petites figurines d’animaux, Solène me montre un bébé phoque en se mettant à le câliner. “Ho, regarde le little seal” me dit-elle. En Écosse, je lui avais acheté l’histoire en anglais de Little seal. Elle est craquante. Allez, on le prend ton little seal. “Ze peut le garder ? Ouais ! Fait-elle en sautant comme un ressort. “Elle prend le little seal ?” me demande Lison. “Allez, va chercher un tube de pate à ballon ! ” Sourire. Réflexion. C’était où déjà ? Puis Lison part en courant. J’ai craqué. Ce magasin est vicieux et très bien fait.

L’avantage, c’est que le retour se fait avec grande facilité. Il est 19h, nous avons une heure de transports en commun pour rejoindre les cousins et la pâte à ballon nous occupera. Gonflage, rebouchage des trous, regonflage, fermage et jeu. Nous jouons à nous envoyer le ballon dans la rame de train. Heureusement, nous sommes presque seuls.

British museum, au croisement des arts et de l’histoire de l’Europe

Ce voyage est un immense jeu de piste : au British Museum de Londres nous avons pu en savoir plus sur l’histoire viking de l’île Harris et Lewis où nous avons croisé une statue représentant une des pièces d’échec retrouvée sur place ; nous avons récolté des informations sur le Parthénon d’Athènes que nous visiterons quelques mois plus tard. Nous avons continué notre collection de tournesols de Vincent Van Gogh initiée à Munich et Amsterdam, et commencé notre étude sur les oeuvres de Boticelli que nous continuerons à Florence.

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